L’initiative d’Aurore Stefaniak a pris une dimension quasi industrielle, grâce à l’implication de l’ensemble des clubs service de Loir-et-Cher et de l’Armée.
En quelques jours, le petit atelier est devenu une véritable start-up aux multiples implantations. L’opération « Une visière pour une vie », lancée au début du mois (lire NR du 6 avril), a pris une dimension quasi industrielle. La visière de protection conçue par Aurore Stefaniak dont la société, Service-360 est spécialisée dans la gravure, le marquage et la découpe laser (lire NR du 6 avril) va être produite à 12.700 exemplaires avec le concours de près de 140 personnes.
C’est le résultat d’une collaboration efficace entre la Délégation militaire départementale (DMD), centre névralgique de cette opération, et l’ensemble des clubs services de Loir-et-Cher. Gilles Blanchard (Blois Doyen) est à la manœuvre pour coordonner l’action de ses amis du Lions club qui ont reçu le renfort du Rotary, du Kiwanis et des Capotes méroises, association qui rassemble des passionnés de voitures de collection.
Il s’agissait tout d’abord de financer l’achat du matériel nécessaire en rassemblant plus de 18.000 euros, grâce aux clubs services donc, mais aussi la société des membres de la Légion d’honneur et les officiers réservistes. Une première commande de la part du conseil départemental a également permis de réunir des fonds, tout comme une cagnotte en ligne sur Leetchi.
Un réseau départemental
Au-delà du financement, il a fallu mettre en place une chaîne d’approvisionnement et de production pour confectionner la fameuse visière. En un temps record, les différentes pièces du puzzle ont trouvé leur place.
Le Club d’entreprises des portes de Chambord, qui fédère les sociétés implantées dans la zone d’activité de Mer, réunit les petites pièces nécessaires et les conditionne, à l’instar d’une véritable centrale d’achat. « Les fournisseurs sont compréhensifs et généreux, explique Gilles Blanchard. Nous avons droit à des tarifs préférentiels voire à des dons : on nous a ainsi offert 64.000 vis. »
Les Fab Lab de Blois, Vendôme et Romorantin se sont mobilisés pour fabriquer les pièces en plastique, avec le renfort de l’entreprise Tobeca.
Les éléments à assembler sont placés dans des cartons, offerts eux aussi (par une enseigne de la grande distribution) dans les locaux de la Délégation militaire départementale, où l’apport logistique des hommes du lieutenant-colonel Gabriel Bouchacourt est essentiel. Chaque carton, qui permet de préparer 50 visières, est acheminé vers des bénévoles répartis dans tout le département. Sept RLA, l’acronyme de « responsable local d’assemblage » répartissent et organisent le travail en s’appuyant, au total, sur 102 couples confinés à domicile, dont nombreux des retraités. A Montrichard-Val-de-Cher, ce sont les élus municipaux qui s’en chargent.
Le circuit repasse ensuite par la DMD où Marie-Christine, épouse de Gilles Blanchard et ancien médecin réanimateur du centre hospitalier de Blois, assure le contrôle qualité, avant la livraison aux bénéficiaires, invités à fixer eux-mêmes la feuille transparente en Plexiglas.
À la fin de la semaine dernière, près de 4.600 visières avaient été fabriquées. « Ce mardi 21 avril, nous aurons déjà livré aux 52 Ehpad du département une vingtaine de visières en moyenne », annonce Gilles Blanchard. Les professionnels des secteurs de la santé, des services à la personne, de la filière agroalimentaire et des forces de l’ordre bénéficient gratuitement de ces équipements, fruits d’une formidable chaîne de solidarité.